Déterminants de l’accès aux services VIH des populations clés dans le District Sanitaire d’Oussouye (Ziguinchor, Sénégal)
Abstract
Les populations clés pour le VIH au Sénégal comprennent les professionnelles du sexe, les
hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (MSM) et les usagers de drogues
injectables (UDI). Bien que la prévalence du VIH parmi la population générale soit faible (0,
3%, CNLS 2023) , elle reste cependant élevée parmi ces groupes (une épidémie concentréee et
localiséee). Ainsi, selon, l’ENSC 2019, la prévalence des Professionnelles du Sexe (PS) est de
5,8 %, celle des Hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (HSH) : 27,6 %,
ELIHoS 2017) et la prévalence des Consommateurs de Drogues Injectables (CDI): 5, 2 %
(UDSEN 2011) et 3,7 % (PARECO, 2019). Nos observations empiriques ayant montré que les
populations clés sont confrontées à de diverses barrières pouvant les empêcher de bénéficier
des services VIH, l’objectif principal de ce mémoire est d’analyser les déterminants de l’accès
des populations clés aux services VIH dans le district sanitaire d’Oussouye.
La méthodologie se base sur une approche qualitative combinant observations et entretiens
individuels. Trente-trois (33) entrevues approfondies ont été réalisées avec les populations clés,
des prestataires de soins, des médiateurs des populations clés , des forces de défense et de
sécurité et des responsables des organisations civiles qui interviennent dans le domaine et avec
notre cible. Puis, les entretiens ont été retranscrits et anonymisés. Les données recueillies ont
fait l’objet d’une analyse thématique sur word.
Nos résultats montrent que les attitudes et comportements des populations clés sont influencés
par un environnement socio-culturel et religieux stigmatisant et discriminatoire. A cela
s’ajoutent, le fait que les structures de santé demeurent inadaptées à leurs besoins spécifiques.
En outre, les lois punitives concernant les comportements à risque, le non-respect du genre et
des droits humains ne militent pas en faveur d’une utilisation optimale des services de
prévention, soins et traitement VIH.
Notre travail montre également que les interventions des organisations de la société civile
peinent à leurs adresser des actions efficaces et pérennes pour faciliter l’accès et le maintien
dans les services VIH. En définitive, nos données ont révélé des obstacles individuels,
structurels, communautaires. Ils sont également liés au genre et entravent l’accès aux soins des
populations clés. Notre recherche met en évidence la nécessité d'adapter les services de
dépistage et de traitement pour répondre aux besoins spécifiques des populations clés. Les
approches centrées sur les droits humains pourront contribuer à réduire la stigmatisation et la
discrimination, qui représentent des obstacles majeurs à l'accès aux soins.
